Le Dieu des perdants
Évangile de Lc 2,1-14
« Un nouveau-né emmailloté ». Qui pouvait croire, parmi le peuple qui attendait un Messie glorieux et fort, que cet enfant, sans autre berceau qu’une mangeoire, était Celui qui devait venir ? N’attendons-nous pas, nous aussi, un dieu puissant qui devrait nourrir les affamés du monde, calmer les cyclones, faire cesser les guerres ?
Or Dieu entre dans l’histoire des hommes par la porte des perdants. Un Dieu enfant, qui n’a fait aucun miracle pour protéger sa naissance, pour changer le cœur des aubergistes. Aucun tapis rouge pour accueillir le Roi des rois. Aucune cérémonie pour saluer le Fils de Dieu. Seuls des bergers, ont été avertis par des anges ; eux, les plus méprisés en ce temps-là, parce que, vivant avec leurs bêtes, ils ne pouvaient aller au Temple, ne savaient pas lire la Loi pour la pratiquer. À eux est annoncée « une grande joie », la naissance du Messie. Ils croient, malgré l’apparente contradiction, que ce bébé aussi pauvre et méprisé qu’eux, est leur Sauveur.
Pourquoi est-il précisé qu’il est enveloppé de langes ? Le texte indique ainsi que cet enfant est mortel, car le même mot grec signifie les bandelettes dont on entourait les morts de ce temps-là. Dieu, en Jésus, s’est définitivement mis du côté des mortels, de ceux qui, loin d’être des saints, n’ayant rien à perdre, sont ouverts à l’événement. Comme Arnaud, âgé, un peu méprisé dans son village, qui, un soir de Noël, a ouvert sa maison à un jeune couple de roms qui risquait de passer la nuit dehors avec leur bébé.
Odile van Deth