La bénédiction multiplie
« Donnez-leur vous-mêmes à manger». On comprend l’effarement des disciples. Jésus, ayant su qu’Hérode avait tué Jean-Baptiste, se retire à l’écart, mais la foule l’a précédé. Sa compassion lui fait oublier le danger. Il se laisse émouvoir, prend le temps de guérir les infirmes, d’instruire la foule.
Les imprévus souvent nous désarçonnent, nous rendent inquiets, agressifs. Pour Jésus, ils sont une boussole indiquant comment manifester la tendresse du Père. Il ne connaît pas nos rigidités cramponnées à nos projets. Lui qui voulait se mettre à l’abri, accepte de s’exposer, au risque d’être repéré par Hérode. Sa souplesse est obéissance à l’amour.
Vient le soir. Les disciples, soucieux, lui conseillent de renvoyer les gens. En réalité ils cherchent à se décharger du souci de cette foule à nourrir. « Donnez-leur vous-mêmes à manger » répond le Maître aux apôtres décontenancés, les invitant ainsi à quitter la logique des petits calculs égoïstes pour entrer dans l’harmonie de la Vie qui sollicite à inventer d’autres voies.
Avec cinq pains et deux poissons, comment nourrir une foule de plus de cinq mille hommes ? Jésus lève les yeux au ciel, il ouvre au Père son désir de voir se multiplier ce peu d’aliments. Il bénit ensuite le pain et les poissons qui, aussitôt, se multiplient.
Depuis que, au soir de la création, Dieu a béni l’humain, en disant : « Croissez et multipliez », la bénédiction est fécondité. Si nous ouvrons notre désir à la bénédiction du Christ, il deviendra abondance de vie.
Odile van Deth