L'écoute intérieure
« Dix jeunes filles prirent leur lampe pour sortir à la rencontre de l’époux. Cinq étaient folles et cinq étaient sensées » dit littéralement le grec. Jésus ne fait jamais la morale dans l’Évangile. Pour pouvoir nous sauver, il veut vaincre la prétention de nous sauver nous-même par nos mérites, comme celles qui courent acheter de l’huile à l’extérieur.
Les sensées sont récompensées non pour leur prudence mais pour leur attention à la présence de l’Esprit en elles, symbolisé par l’huile.
Dieu n’est présent que dans le réel des sensations que l’événement suscite. Consentir à percevoir l’émotion ouvre la porte à l’Esprit qui en suggère le sens. Les vierges sensées sont à l’écoute intérieure. Leur lampe est toujours allumée, même lorsqu’elles s’endorment dans la nuit de l’épreuve.
« Je m’ennuie dans la prière » disait Etienne. « Te mets-tu à l’écoute ? – Impossible, je suis envahi par mes soucis. – Tout ce qui naît en toi a droit à l’existence. Écoutes-tu ce que ces préoccupations te disent de toi ? ». Plus tard, je revois Etienne détendu. « Je me demandais comment rendre mon travail plus intéressant et je me suis mis à l’écoute. J’ai alors vu clairement que je n’acceptais pas ce travail comme j’ai toujours refusé ma vie depuis la mort de mon père alors que j’avais dix ans. J’ai senti que je devais consentir à cette mort. Depuis, bien que cet emploi n’ait pas changé, je l’aborde autrement. J’accueille mon refus de ce travail, j’écoute et montent en moi d’autres manières de le vivre ».
Odile van Deth