L'Agneau
Évangile de Jn 1,35-42
« Nous avons trouvé le Messie ». André fait part à son frère Simon de son enthousiasme. Depuis des siècles, le peuple juif attendait le Messie. On espérait qu’il délivrerait de l’occupation romaine, qu’il rétablirait le royaume d’Israël. On l’attendait comme celui qui allait tout arranger, à qui déléguer toutes les responsabilités.
L’histoire, la politique sont pleines d’attentes semblables. On espère qu’un nouveau président rendra sa splendeur au pays, qu’un autre directeur fera refleurir l’entreprise, qu’un jeune curé aplanira les difficultés relationnelles ou financières.
Jean avait pourtant désigné Jésus comme « l’agneau de Dieu ». Or dans la Bible, il n’est parlé d’agneau que pour l’immoler en holocauste. Les disciples croient avoir rencontré un Messie puissant et glorieux en oubliant qu’un agneau est doux et faible, qu’il est le symbole du pardon de Dieu, puisqu’il remplaçait symboliquement le pécheur qui l’offrait en sacrifice. Ce sera bien en effet l’Agneau de Dieu, Jésus, qui révélera la gratuité du pardon.
Quant aux apôtres, ils vont aller d’émerveillements en déceptions. Ils s’estimaient privilégiés d’être les disciples du Messie, ils se pensaient du bon côté, jusqu’à leur déroute au moment de la Croix. Or, c’est à ce moment qu’ils vont enfin se laisser sauver.
Jésus n’agit pas à notre place mais nous délivre de nos prétentions à nous sauver nous-mêmes par nos bonnes pratiques. Vient le jour où s’écroule la conviction d’être quelqu’un de bien. Seul l’Agneau de Dieu sauve.
Odile van Deth